L'utilisation de l'électrothérapie en cabinet de kinésithérapeute

Publié le 16/05/2023 Temps de lecture: 5 minutes

L'utilisation de l'électrothérapie en cabinet de kinésithérapeute

Les kinésithérapeutes ont de plus en plus recours aux appareils d’électrostimulation pour leurs multiples bienfaits. Mais alors, pourquoi ? Si elle a tant de succès dans les cabinets de kiné, c’est que cette méthode délivre les patients de leur douleur aussi bien instantanément que sur le long terme. Cerise sur le gâteau : l’électrothérapie est une méthode non invasive, c’est-à-dire qu’elle permet de soigner le patient sans effectuer la moindre incision, et avec une douleur minime. Il n’en faut pas plus pour conquérir le domaine de la kinésithérapie !

Qu'est-ce que l'électrothérapie ? Définition & Principe

L’électrothérapie, ou électrostimulation, désigne l’utilisation de courants électriques de faible intensité par un appareil d’électrothérapie muni d’électrodes. En tant que telle, elle est une branche de la physiothérapie, ou kinésithérapie, la science des mouvements, qui se concentre sur la mobilité du corps.

Si l’électrothérapie fait réagir les muscles, c’est que notre corps utilise lui-même des signaux électriques pour transmettre des messages, tels que la douleur ou le mouvement. Le système nerveux envoie lui-même en continu des courants électriques de faible intensité à nos muscles, pour qu’ils se mettent en mouvement.

kinesitherapeute-utilisant-electrostimulateur

L’électrostimulation fonctionne alors comme le piratage de ce système. Le stimulus électrique de l’appareil d’électrothérapie va ainsi s’ajouter à ceux qui transmettent déjà les messages dans notre corps, et ainsi les modifier. Plus précisément, les courants électriques vont stimuler le système inhibiteur descendant du système nerveux central, et donc inhiber la douleur (1). En d’autres termes, les signaux des électrodes interrompent la transmission du signal de douleur vers le cerveau. Dans le même temps, il favorise la libération d’endorphines, la fameuse « hormone du bonheur », qui est un analgésique naturel.

Cette méthode est utilisée pour soigner un vaste éventail de troubles, mais elle se montre particulièrement efficace pour diminuer, voire éliminer les douleurs (2). En effet, les signaux électriques ont pour action de stimuler les nerfs, eux-mêmes qui sont responsables de la sensation de douleur. L’électrothérapie est alors utile pour accompagner un patient en rééducation fonctionnelle après un traumatisme ou le libérer d’une douleur chronique ou aigüe. Au-delà de son efficacité, l’un des intérêts de l’électrothérapie, est qu’elle représente un traitement non invasif, c’est-à-dire qui ne nécessite aucune incision.

Il existe donc deux types principaux d’électrothérapie :

  • L’électrothérapie antalgique : son but est de diminuer ou supprimer les douleurs, principalement musculaires (lombaires, etc) et articulaires (cheville, épaule, etc). Elle peut alors traiter à la fois les douleurs chroniques ou aigües. Cette méthode d’électrostimulation est également appelée TENS, de l’anglais Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation (Stimulation nerveuse électrique transcutanée).
  • L’électrostimulation musculaire : les stimuli électriques vont en provoquer la contraction musculaire, et donc renforcer les muscles.

L’électrothérapie antalgique a deux modes de fonctionnement principaux. Le premier fonctionne avec une fréquence élevée, située entre 70 et 100 Hz. La haute fréquence électrique permet de délivrer le patient de sa douleur de manière instantanée. Seulement, cet effet antalgique ne dure pas, ou peu, une fois le matériel d’électrothérapie éteint. La seconde méthode fonctionne plutôt à basse fréquence, et permet un traitement analgésique au long terme. Toutefois, elle représente un traitement douloureux, ou plutôt désagréable, et les séances d’électrostimulation à basse fréquence sont donc généralement de plus courte durée.

Indications : Quand utiliser un appareil d'électrothérapie ?

Parmi les professionnels de santé, c’est le plus souvent le kinésithérapeute qui fait appel à l’électrothérapie pour soigner ses patients. Il peut alors avoir recours à l’électrostimulation musculaire, dans le but de renforcer un muscle, par exemple dans le cadre d’une rééducation ou d’une préparation physique. Elle peut alors permettre de réhabiliter un muscle, par exemple après une opération. Mais elle se montre aussi intéressante pour permettre aux sportifs d’améliorer leurs performances sportives, de renforcer leurs muscles, voire d’optimiser la récupération.

Electrostimulation douleurs sport.jpg

Il peut aussi plutôt faire appel à l’électrostimulation antalgique, ou TENS, à l'aide d'un électrostimulateur globus par exemple, dans le but de réduire ou d’éliminer la douleur de son patient. Elle peut aussi bien traiter une douleur aigüe qu’une douleur chronique, mais on adaptera alors la fréquence, basse ou haute.

Dans le traitement des douleurs, l’électrothérapie est particulièrement utile pour la guérison d’une douleur faisant suite à un traumatisme, par exemple, pour les sportifs souffrant de lésions musculaires. Elle se montre également efficace sur :

  • Les douleurs liées à un problème de posture (lumbago, douleurs cervicales, hernie discale…)
  • Les migraines liées à une tension des muscles cervicaux
  • Les douleurs liées à un faux mouvement
  • Les douleurs liées à une blessure (sportive, faux mouvement, accident etc)
  • Les douleurs liées à l’arthrose
  • Les douleurs menstruelles
  • Les douleurs liées à une tendinite
  • Les douleurs post-partum, notamment dans le cadre d’une rééducation périnéale

L’électrothérapie présente peu de dangers et de contre-indications. Pour des raisons évidentes, l’électrothérapie n’est pas recommandée pour les femmes enceintes ou les personnes souffrant de problèmes d’épilepsie ou de problèmes cardiaques, et notamment en cas de port d’un pacemaker. Il est également important d’informer son praticien en cas de fracture récente ou risque hémorragique.

Comment utiliser du matériel d'électrothérapie ?

Au début de la séance, le kiné va tout d’abord conduire une conversation avec le patient, en l’interrogeant sur ses besoins, ses symptômes à traiter, et ses éventuels antécédents médicaux, de manière à écarter tout risque de contre-indication.

Le kinésithérapeute va appliquer les électrodes directement sur les zones douloureuses, après les avoir désinfectées. Elles sont reliées par câble à un boîtier, qui permettra au médecin d’effectuer les différents réglages, et notamment la fréquence, selon l’effet recherché. Du point de vue du patient, une séance d’électrothérapie est donc plutôt passive, si ce n’est que le kinésithérapeute peut parfois lui demander d’effectuer quelques exercices, sans que cela ne soit systématique.

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L’électrostimulation a l’avantage de ne pas être douloureuse. Le patient peut éventuellement ressentir une légère démangeaison, un picotement, ou un fourmillement, sans que cela ne se transforme en douleur, puisque le signal électrique est de faible intensité. En revanche, l’électrothérapie à basse fréquence, qui est généralement utilisée pour traiter la douleur à plus long terme, peut s’avérer désagréable, voire douloureuse. Pour cette raison, les séances de ce type sont généralement plus courtes.

En moyenne, une séance d’électrostimulation musculaire dure en moyenne entre 30 et 45 minutes (3) mais peut varier de 20 minutes à 1 heure. Le nombre de séances, quant à lui, devra être fixé avec votre kinésithérapeute. En effet, il varie grandement, selon le type de douleur à traiter (chronique ou aigue), l’intensité douloureuse, le degré de tolérance du patient à la douleur, et le rétablissement de chaque patient, qui dépend, entre autres facteurs, de sa capacité à produire de l’endorphine. Pour des résultats efficaces dans le temps, il est toutefois recommandé de rapprocher les séances, voire de les réaliser tous les jours.

Enfin, l’électrostimulation musculaire a l’avantage de ne présenter que très peu d’effets secondaires, contrairement à d’autres traitements antalgiques médicamenteux ou chirurgicaux. Dans de très rares cas, elle peut provoquer des brûlures légères de la peau, ou provoquer des réactions allergiques (qui viennent alors des électrodes, et non pas du courant électrique lui-même). Dans les deux cas, il sera nécessaire de consulter un dermatologue.

 

Bibliographie

Vance, C. G., Dailey, D. L., Rakel, B. A., & Sluka, K. A. (2014). Using TENS for pain control: the state of the evidence. Pain management, 4(3), 197-209.
Johnson MI, Paley CA, Howe TE, Sluka KA. (2015). Transcutaneous electrical nerve stimulation for acute pain. Cochrane Database of Systematic Reviews.
Maison des kinés. Électrostimulation antalgique : critères de choix des paramètres de stimulation. KS n°544 - juin 2013.

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